Des millions d’années à mes pieds
Ce matin, il faut tout plier pour reprendre la route et traverser la Kaokoland pour le Damaraland. Une journée où je vais avaler des kilomètres de pistes et donc de poussières puisque près de 500 km séparent les deux régions. Et je peux vous affirmer que le trajet ne va pas être de tout repos entre les bosses et les trous. Ici, on dit que c’est le massage Africain. Pour le coup, le massage est un peu fort je trouve.
Mais la piste se fait vite oublier tant le paysage est un régal pour les yeux. En une journée, je vais passer de la formation géologique des continents aux premiers bushman présents il y a des milliers d’années. En parant de Khowarib, c’est un paysage de canyon avec un peu de verdure ainsi que la savane africaine et ces fameux Maupanes (arbres emblématiques) qui accompagnent les 50 premiers kilomètres. Et qui dit savane dit animaux sauvage. Je vais donc avoir la chance de voir une famille de hyène, quelques oryx et springboks, des girafe et de loin le fameux éléphant du désert. Mais peu à peu le paysage change pour devenir plus minéral. Me voici à la formation des continents avec ses monts en grès formant des strates de couleurs comme si on avait empilé des pancakes au fil des siècles. En traversant ce paysage, je pense à celui du far West américain et notamment de Monument Valley mais en plus gigantesque.
Nouveau panorama au fil des kilomètres avec tout d’abord un épais brouillard qui monte de l’océan atlantique et qui est bloqué par les monts Brangberg. C’est vraiment étrange de voir au loin cette nappe comme si un gigantesque nuage vous enveloppait peu à peu. Avec le brouillard, la température baisse et les doudounes sont de sortis. Heureusement, quelques kilomètres plus loin, c’est la savane africaine un peu comme celui de Etosha qui apparaît avant de disparaître à la fin d’une montée pour laisser place comme un mirage à une autre formation rocheuse. J’arrive dans la partie plus « récente » de la formation de la terre. Le temps des volcans et c’est donc un paysage volcanique avec ses orgues, formation rocheuse étonnante formée par le refroidissement plus ou moins lente de la lave. Les orgues mais aussi les centaines de rochers qui semblent être tombés du ciel au milieu de nulle part. Un instant, j’ai l’impression d’être en Australie non loin d’Uluru. C’est donc un peu comme si je suis passée de la Jordanie ou de Oman au Far West Américain et à l’Australie le tout en une centaine de kilomètres. Fascinant.
Fascinant et étonnant puisque au milieu de ce paysage désertique, se situe un site rempli de gravures rupestres. Les bushman via leur chaman y ont gravés à la pierre des centaines d’animaux, d’empreintes au fil des ans. Tous témoignent des apparitions des chamans lors de leur transe pour demander de l’eau ou pour soigner les hommes et les femmes. Témoin du passé, témoin d’une nature riche qui s’est installée il y a des centaines d’années.
Si je dois résumer cette journée, je dirai qu’elle a allié richesse géologique et historique.
31/07/2022
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