Uluru : un rocher sacré au milieu du désert
Uluru. Planté au milieu du désert, cet immense rocher rouge et immortel semble sortir de l’imagination ou plutôt de nulle part. Mais si pour le touriste lambda, Uluru reste une curiosité, pour les aborigènes c’est toute une culture ancestrale qui émane de ce rocher et des Kata Tjuta depuis près de 10 000 ans.
Au dessus de la terre ocre, entouré d’anciens cours d’eau et d’herbes sèches, Uluru pourrait représenter à lui seul toute l’Australie. C’est peut-être pour cette raison que la terre reste sacrée pour les populations locales. Il faut dire que population locale et voyageurs semblent se rejoindre dans une culture du mythe, dans la culture du rêve.
Les aborigènes pensent que le monde était autrefois le néant jusqu’à ce que les ancêtres sous la forme d’humains mais aussi de plantes et d’animaux parcourent la terre et forment le monde avec ses paysages en les rêvant et les chantant. Cette épopée, Uluru la retrace avec les pistes de rêves ; Emu, serpent venimeux, lézard à langue bleue, martin-pêcheur et python. Ces chemins représentent les esprits ancestraux, ceux qui créèrent la terre et les rochers. Ceux qui rêvèrent du désert.
Aujourd’hui et après une longue bataille, les aborigènes sont de nouveaux propriétaires de ces terres sacrées depuis plus de 25 ans. Ils se
considèrent comme les gardiens de la roche sacrée et tentent de vivre en harmonie selon le principe de Tjukurpa, la loi qui se transmet de génération en génération. Et même si nous touristes, nous ne suivons pas obligatoirement cette loi sacrée, il se dégage d’Uluru une aura mystique, une sagesse difficile à expliquer liée à la terre, aux animaux et aux plantes.
Cette magie est sans doute liée, en partie, à l’emplacement du rocher. A 450 km d’Alice Springs, Uluru est entouré de désert comme un miracle de la nature. Deuxième rocher le plus grand au monde, plus haut que la Tour Eiffel (348m), d’une circonférence de 9,4 km et visible à des dizaines de km à la ronde, Uluru n’est en faite que la partie visible d’une roche souterraine affirmée par l’érosion.
La magie du site réside aussi dans les couleurs différentes présentes tout au long de la journée : Teinte rosée, orangée, rouge sombre au coucher du soleil… Malgré toutes les légendes, les écrits, les photos, les reportages photos… le rocher impressionne et nous ne sommes pas préparés à la vision de ce panorama. Surtout, quand après des centaines de kilomètres en ligne droite, perdus ou presque dans le désert, apparaît cette masse brute, colorée. En s’approchant, on la découvre majestueuse et on ne l’imaginait pas aussi grande, imposante. Mais le charme opère une deuxième fois dans ce désert de sable rouge avec à 50 km du monolithe, d’autres roches aussi imposantes. Les Kata Tjuta ou monts Olgas forment une chaîne de 36 dômes arrondis à leur sommet et offrent des points de vus exceptionnels.
Cependant si Uluru et les Monts Olgas restent sacrés pour les aborigènes, le tourisme ne semble pas toujours respectueux des traditions, en partie sans doute par le manque d’informations. Ainsi, tout comme des milliers de visiteurs chaque année, nous avons escaladé le rocher, apprenant que plus tard que les aborigènes considèrent l’escalade d’Uluru comme un acte impur, cassant un chemin de rêves. Pourquoi l’escalade n’est pas purement et simplement interdite !
Pourquoi le parc n’emmène t-il pas les visiteurs sur les traces des ancêtres avec un chemin des rêves ancestral ? Il faudra sans doute encore du temps pour que Uluru redevienne le symbole sacré de l’Australie, représentant le pays, le drapeau et la culture ancestrale. Une culture ancestrale souvent malmenée surtout quand on découvre le niveau de vie misérable des premiers habitants de l’Australie. Des oubliés du système, malmenés par des années de mépris et qui errent dans les villes d’Alice Spings, de Darwin ou de Katerine comme des âmes égarées. Nous sommes alors loin de la magie d’Uluru.
05/07/2011
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