Travail, famille, patrie
En nous rendant au Vietnam, nous savions que nous mettions les pieds dans un pays communiste ouvert au monde. Avec un seul parti politique et une ouverture économique sur le monde le pays est rempli de paradoxe. Nous pourrions presque dire que c’est le pays de tout et son contraire. Un seul parti politique comme je viens de le dire mais l’organisation d’élection. Ce seul exemple donne la mesure de leur absurdité. Mais ce qui marque vraiment lorsqu’on le traverse de part en part et que nous rencontrons des vietnamiens d’origines et de classes différentes, c’est leur ouverture d’esprit et leur attachement à la patrie.
En discutant avec eux, nous apprenons que les jeunes sont libres de choisir leurs métiers et
même de faire des études à l’étranger (ils adorent pouvoir aller étudier aux USA ou à Londres) mais que leurs visas sont limités et qu’ils doivent impérativement revenir aux pays pour y travailler. Les entreprises leur ouvrent grandes leurs portes triplant leurs salaires. Le gouvernement et les sociétés encouragent les études à l’étranger et pourtant ils ne leurs octroient aucune bourse ni aide de sorte que seuls les familles les plus riches peuvent envoyer leurs enfants ailleurs. C’est une façon de contrôler la population. Un control qui passe par les entreprises eux-mêmes puisque la plupart sont gérés par des hautes personnalités politiques et le peu de firmes internationales, quand ils ont l’autorisation de s’implanter, doivent s’acquitter de taxes exorbitantes à destination du gouvernement. Tout est fait pour que le vietnamien travaille d’abord pour son pays avant de le faire pour soi. Dès leurs plus jeunes âges, on leur inculque ses valeurs de travail. Le travail pour subvenir aux besoins de sa famille (il n’existe aucune couverture sociale et les plus jeunes ont la charge des plus anciens, les aînés de leurs frères et sœurs…) puis pour faire évoluer le pays (qui paradoxalement s’ouvre au monde en restant fermer) et enfin pour soi. Pour nous français, le concept est assez difficile à comprendre.
Ce qui reste tout de même le plus étrange est de voir que les jeunes ont accès à Internet, aux cinémas américains, aux programmes télévisuels du monde entier, aux livres qui critiquent parfois ouvertement le gouvernement et qui ne sont pas censurés…. La presse est aussi relativement libre (pas aussi libre qu’en France mais beaucoup plus que dans d’autres pays asiatiques plus ouverts au niveau international comme l’Inde). Ils voient donc « l’eldorado européen ou américain » comme ils l’appellent, constatent la liberté dans tous les domaines, mais trouvent normal de faire vivre en premier sa patrie et sa famille. Etrange. Nous ne pouvons pas critiquer le système puisqu’il fonctionne. Le vietnam est quand même un des pays les plus développés de l’Asie du Sud Est tant au niveau économique, architectural qu’au niveau de la vie. Nous sommes tout de même en droit de nous demander pendant combien de temps le parti unique va réussir à régner en cultivant les différences, le capitalisme et l’ouverture-fermeture.
24/04/2011
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